THESE THINGS

these things that we support most well 
have nothing to do with us, 
and we do with them 
out of boredom or fear or money 
or cracked intelligence; 
our circle and our candle of light 
being small, 
so small we cannot bear it, 
we heave out with Idea 
and lose the Center: 
all wax without the wick, 
and we see names that once meant 
wisdom, 
like signs into ghost towns, 
and only the graves are real.


CES CHOSES

ces choses que nous défendons le plus
n'ont rien à voir avec nous,
et nous nous en préoccupons
par ennui ou peur ou cupidité
ou intelligence dévoyée ;
notre halo et notre chandelle
s’amenuisent,
tellement petits,
au point de ne pouvoir le supporter,
à se confronter à l'Idée
nous en perdons le Centre :
rien que cire sans mèche,
et nous voyons des noms qui autrefois signifiaient
sagesse,
indicateurs dans des villes fantômes
et seules sont réelles les tombes.
© traduction luc-antoine marsily

Ce poème, si peu platonicien, date de 1956, fut publié en 1969 dans le recueil "The days run away like wild horses over the hills"  (Black Sparrow Press Ed.)
L'édition française  - "Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines" -  est parue en 2008 aux Editions du Rocher dans une traduction... peu satisfaisante à mon goût...





Commentaires

  1. J'ai traduit la presque totalité de ce recueil il y a exactement vingt ans et pour mon seul plaisir. Quand la version du Rocher est sortie, j'ai aussi été très déçu (non pas que la mienne ait été meilleure, ce n'est pas mon métier ni mon talent). Et très déçu parce qu'elle sent le travail alimentaire. Et je trouve qu'il est quasi criminel de faire de la traduction alimentaire en poésie. (Et pour être honnête je rayerais bien ce "quasi ".)

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    1. Je comprends tout à fait votre sentiment, et le partage. C'est d'ailleurs le problème que j'ai' rencontré avec la littérature nord-américaine, selon moi de plus en plus mal traduite au fil des ans. La faiblesse des tirages en français, l'inculture et l'ignorance croissante de la langue américaine - hors insultes et onomatopées - parmi son lectorat français et le déplorable niveau de la critique en général - mais il y a des exceptions... - explique en partie le recours à des traducteurs très souvent médiocres - et bien sûr mal rétribués...
      Pour ce qui est plus particulièrement de Bukowski, il me parait évident que ses premières traductions en France, dans la collection Speed 17 à la fin des années soixante-dix, devaient énormément à la grande qualité et au style de Philippe Garnier qui avait trouvé une respiration quasi-parfaite.
      Il n'était pas négligeable non plus d'avoir en mains une version française qui évitait tout contre-sens. Tout cela étant du notamment à l'intime connaissance qu'avait Garnier des USA, de sa littérature, de son cinéma, de sa musique. Et de son mode de vie.
      La suite, sous d'autres plumes, fut plus aléatoire...
      Au fait, bravo pour Une main est aussi un poing, que je fréquente assidûment ...

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    2. Oui, une immersion (et "naturelle" si possible) dans l'univers de l'auteur n'est jamais de trop. Et puis l'aimer beaucoup, voire passionnément, avoir "vécu en sa compagnie" depuis longtemps aide également. J'apprécie particulièrement ce qu'a fait Yves di Manno pour Oppen. (Heureux et touché de vos visites. Merci à vous.)

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    3. Je ne connais le travail d'Yves di Manno que par sa traduction d'Ezra Pound... c'est dire le niveau de difficulté !
      Et n'ai jamais rien lu d'Oppen ! Shame...

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