Le Pharmakeion, suggestion pour temps de pandémie.

À Athènes, il y avait, en temps de crise grave - entendez par là tremblement de terre, menace imminente de guerre ou épidémie... - une coutume étrange, barbare même, à nos yeux baignés d'humanisme du XIXème siècle. 
C'est ainsi qu'on rassemblait en un même lieu des individus que l'on qualifierait de marginaux, des clochards, des esclaves, des "fous" surtout, auxquels on assurait un traitement de choix : nourriture en quantité, habits de bonne qualité, hygiène, toutes conditions inhabituelles pour eux.
On les nommait "pharmakeion"
Parmi eux, on en choisissait un ou deux pour les jucher sur un char, les fêter, les aduler, les célébrer. Suivi par la foule, ce char circulait dans tous les quartiers de la cité, en visitant les moindres recoins pour traquer et chasser les influences maléfiques et éloigner ainsi les menaces précitées.
Une fois le tour de la cité effectué au ravissement de la foule, le ou les pharmakeion choisis étaient sacrifiés.
Ou dans le meilleur de cas, et selon l'humeur de la foule, bannis.
Il n'est toutefois nulle part certifié que ce rite ait eu une quelconque force de conviction ou influence sur les guerres ou de épidémies en vue de leur éloignement.

Mais qui sait ? Voilà qui pourrait être éventuellement envisagé comme ultime recours dans notre situation présente, une fois confirmées, hélas, les pénuries de masques, tests, et l'absence actuelle de vaccin.
Il est même probable que chacun de nous ait deux noms à proposer pour remplir cette mission symbolique de pharmakeion...


Jérôme Bosch, La nef des Fous. (c. 1500).


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