Maze.
"Je l'aimais beaucoup, je sens le monde plus pauvre de la mort de Borges. Il avait gardé toute sa lucidité, sa fermeté. Comme c'est étrange qu'il soit mort de façon très borgésienne, venant de louer un appartement qui n' avait pas de numéro, dans une rue qui n'avait pas de nom..."
Marguerite Yourcenar, Borges ou le Voyant / En pèlerin et en étranger, Gallimard.
Printemps 1986,
Marguerite Yourcenar, désormais libre de voyager en Europe depuis le décès de sa compagne, rend visite à Jorge Luis Borges en son appartement genevois - "un curieux endroit, avec des miroirs..." - peu de temps avant la mort de l'argentin.
Elle lui demande:
– Borges, quand sortirez-vous du Labyrinthe ?
– Quand tout le monde en sera sorti.
Nul besoin d'autorisation administrative pour LA sortie pour Borges privé de lumière.
Nous autres y sommes encore, et tournons, avant, pendant ce virus. Et tournerons longtemps une fois ce virus disparu, dépourvus de tout fil d'Ariane, jusqu'à l'avoir oublié quand surviendra le suivant.
Sauf à trouver une autre forme définitive de sortie, tel Nicholson chez Kubrick...
"Tout homme un peu averti des incessants changements et de la complexité presque infinie des choses se sent peu à peu envahi devant l’Histoire par le sentiment de l’horrible et par celui de l’absurde.
Ni l’un ni l’autre de ces deux sentiments ne s’altèrent, mais bientôt, sans que la première ou la deuxième de ces notions s’affaiblissent, s’ajoute une autre, celle d’une vaste imposture, à laquelle, actifs ou passifs, nous participons tous."
Yourcenar encore.
Pendant que naïfs et benêts, inlassables, s'épuisent à chercher un sens à l'histoire.
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