Macron Œdipe.



Le Sacrificateur.
Brandissant sa torche, la plus odieuse des déesses, la peste, s'est ruée sur la ville et a dévasté la demeure de Kadmos. Le noir Hadès s'enrichit de nos gémissements et de nos lamentations. Et voici que ces enfants et moi nous nous sommes rendus à ton seuil, non que tu nous sembles égal aux dieux, mais parce que, dans les maux qu'amène la vie ou dans ceux qu'infligent les daimones irrités, tu es pour nous le premier des hommes (…)
Or, maintenant, Œdipe, le plus puissant des hommes, nous sommes venus vers toi en suppliants, afin que tu trouves quelque remède pour nous, soit qu'un oracle divin t'instruise, soit qu'un homme te conseille, car je sais que les sages conseils amènent les événements heureux. 
Allons, ô le meilleur des hommes, remets cette ville en son ancienne gloire, et prends souci de la tienne ! Cette terre, se souvenant de ton premier service, te nomme encore son sauveur. Plaise aux dieux que, songeant aux jours de ta puissance, nous ne disions pas que, relevés par toi, nous sommes tombés de nouveau ! 
Restaure donc et tranquillise cette ville.

Œdipe.
Ô lamentables enfants ! Je sais, je n'ignore pas ce que vous venez implorer. Je sais de quel mal vous souffrez tous. 
Mais quelles que soient les douleurs qui vous affligent, elles ne valent pas les miennes ; car chacun de vous souffre pour soi, sans éprouver le mal d'autrui, et moi, je gémis à la fois sur la ville, sur vous et sur moi.

Dans le prologue de l'Œdipe-Roi de Sophocle, le grand prêtre se fait ainsi l'interprète du peuple suppliant son souverain de sauver la cité de la peste. On apprendra plus tard qu'il faudra venger un meurtre pour cela...

Correspondance avec les temps que nous traversons... le meilleur des hommes ( ? ), ses lamentables enfants ( ?) ...
Nécessité d'un meurtre ? Qui donc faudra-t-il sacrifier ?


Tiré d' Œdipe-Roi, Pier Paolo Pasolini, 1967.










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