Doigt des Affaires.

"Tacite raconte que, chez certains rois barbares, pour faire un contrat ferme, la manière consistait à joindre étroitement leurs mains droites l'une à l'autre et à s'entrelacer les pouces ; et, quand, à force de les serrer, le sang était monté au bout, ils les blessaient avec quelque pointe et puis se les suçaient mutuellement."
Essais, Livre II, Chap. XXVI. Des Pouces. Quarto Gallimard , p. 837.

Il semblerait qu'au cours des temps, très cher Montaigne, en cette matière aussi, les coutumes aient subi quelques mutations.
Ainsi, si le rôle des doigts demeure premier, ce n'est plus de pouces qu'il s'agit pour signifier et sceller l'entente entre deux signataires. L'usage moderne veut que l'on dresse seul le majeur, de préférence une fois que le co-contractant a tourné le dos, accompagné d'un "Fuck you" marmonné afin de ne pas troubler le climat de confiance auparavant instauré.
L'art de se bien tenir ayant progressé depuis ces temps anciens, il n'est en outre plus nécessaire de faire venir le sang et de sucer - ou faire sucer - le doigt rougi.
J'en ai connu qui nommaient tout cela du doux nom de "morale des affaires"
En matière politique par ailleurs, on parle de "confiance mutuelle".
Et dans l'ordinaire des jours, le "Vivre ensemble".





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