Ringards.

"Vous me demandez quels livres lire. Lisez Montaigne, lisez-le lentement, posément ! Il vous calmera. Et n’écoutez pas les gens qui parlent de son égoïsme. Vous l’aimerez, vous verrez. Mais ne lisez pas, comme les enfants lisent, pour vous amuser, ni comme les ambitieux lisent, pour vous instruire. Non. Lisez pour vivre. Faites à votre âme une atmosphère intellectuelle qui sera composée par l’émanation de tous les grands esprits.
Étudiez à fond Shakespeare et Gœthe. Lisez des traductions des auteurs grecs et romains, Homère, Pétrone, Plaute, Apulée, etc. Et quand quelque chose vous  ennuiera, acharnez-vous dessus, vous le comprendrez bientôt. Ce sera une satisfaction pour vous. Il s'agit de travailler, me comprenez-vous ? 

Je n’aime pas à voir une aussi belle nature que la vôtre, s’abîmer dans le chagrin et le désœuvrement. Elargissez votre horizon et vous respirerez plus à l’aise. Si vous étiez un homme et que vous eussiez vingt ans, je vous dirais de vous embarquer pour faire le tour du monde. Eh bien ! faites le tour du monde dans votre chambre. Étudiez ce dont vous ne vous doutez pas : la Terre. 

Mais je vous recommande d'abord Montaigne. Lisez-le d'un bout à l'autre, et, quand vous aurez fini, recommencez." 

Gustave Flaubert, Lettre à Mlle Leroyer de Chantepie, 6 juin 1857.
Correspondance, Tome II. (Juillet 1851- Décembre 1858), La Pléiade, Gallimard.

Flaubert et Montaigne ! On se demande ! Ringards à un point tel que le qualificatif ringard dont on les gratifie est lui-même ringard ! Totally has-been !
L'inutilité d'une telle recommandation manifestement hors de propos en notre époque qui s'orne d'un inculte si parfait, si emblématique de son milieu politique qu'il en est caricatural, au poste de Ministre de la Culture.
En attendant une prochaine nomination au Ministère de l'Éducation nationale ? Pas important... dans le genre on a déjà connu Najat ! Tant d'autres avant elle... On s'étonnera ensuite...
Flaubert et Montaigne ! On se félicite d'avoir encore de tels compagnons en de tels temps.