Flûtes, pipeaux, fifres.

Fréquenter des gens aussi peu recommandables - ici fortement recommandés - que l'Ecclésiaste et Cioran, Baudelaire et Nietzsche, Augustin aussi et Pascal, évidemment l'Oncle Arthur - le "Maître", mais en faut-il un ? - a, entre autres avantages, celui de se constituer, inconsciemment d'abord, avec ténacité ensuite, un rempart conséquent contre les joueurs de flûtes et de pipeaux, fifres et tambours qui nous tympanisent à longueur de temps : quête du bonheur comme d'un absolu, célébration d'un "vivre ensemble" impératif, "droit à la différence" alors que le droit à l'indifférence serait le bienvenu, autant de bigoteries humanisantes, sorte de paradis artificiels du consensus mou qui font le socle et la force des puissants, des vrais.

Dans un essai de 1990 - La transparence du mal, Essai sur les phénomènes extrêmes - , Baudrillard, dont je ne suis pas familier, lui, avait fort bien cerné tout cela, du moins quant aux droits de l'homme, "cette valeur pieuse, faible, inutile hypocrite, qui repose sur une croyance illuministe en l'attraction naturelle du Bien, sur une idéalité des rapports humains".

À ma grande surprise, il y avait donc quelque chose de nietzschéen en lui, et des moralistes français aussi.


Enfant, j'adorais ce tableau dont j'ignorais tout. Une certaine tristesse partagée sans doute, une parenté inventée avec Spirou et Fantasio aussi.
Manet, bien sûr.

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