Lucchini, claque de fin.

C'est un peu plus que de la lassitude qui s'installe au spectacle permanent que propose le sieur Lucchini Fabrice.

Ainsi l'audition de récents podcasts - série en cours sur Radio Classique, énième prestation chez Alain Finkielkraut sur France Culture - digression : c'est à cela que le lecteur attentif voit que je suis un plouc, évoquant "France Culture" et non simplement "Culture" comme les gens intelligents et cultivés se doivent de le faire sous peine de déclassement social - lequel prend un plaisir certain à être la dupe de ses simagrées, rend le truc de plus en plus apparent, et donc gênant, sous le trucco, maquillage en italien

Les années passent, qui condamnent l'histrion à l'inévitable aigu, lequel devient ici envahissant au point de souligner les limites de la sincérité du propos. Et le voile, dont on sent qu'insensiblement il commence à recouvrir la voix, le souffle qui se fait un peu plus court, ne font que rendre tout cela un peu plus évident.

Il en fait trop l'artiste. Cessant par là de l'être, artiste. Mais d'une pirouette, il vous dira qu'il n'est qu'artisan, modeste par définition.

Certes il n'a pas encore atteint, dans l'exhibitionnisme, le niveau du si pitoyable Roberto Benigni, si pathétique avec son si putassier "La vita è bella", qu'il en devint - à mes yeux... - émétique.

Mais la trame de ce qu'il nous vend - "regardez-moi, qui ne suis qu'un ancien garçon-coiffeur qui a quitté l'école à treize ans, admirez cette phénoménale mémoire qui me permet, soir après soir, de remplir sur mon nom le théâtre X ( 285 places, complet jusqu'en janvier, les lundi, mardi et mercredi, ) le théâtre Y ( 390 places, complet jusqu'à fin 2023, le vendredi, le samedi en matinée et en soirée, le dimanche en matinée ), voyez et jouissez de toute cette culture dont je vous inonde, et surtout, ne m'aimez pas, si vous voulez, mais admirez-moi, résistant, -- hein ?  résilient si vous voulez, oui, c'est bien ça coco, résilient -, ultime ( ? ) pilier d' une culture française qui s'effondre" - devient tellement apparente...
Et on le sent tenté d'ajouter : "Eh bien j'ai une maison à l'île de Ré" ! 
Trucco, vous dis-je.

Il lui fut arrivé d'être intéressant, divertissant, drôle aussi. Il m'est devenu pénible. 
Rien de plus culturellement correct que celui qui fait mine d'être du camp des politiquement incorrects. 
Posture / Imposture.
Rideau.



Edward Hopper me pardonnera peut-être d'avoir traficoté son "Soir bleu". ( 1914, Whitney Museum of American Art, New York ).


Commentaires

  1. "Le monde où il vivait était triste. Un roi dégénéré, des infants malades, des idiots, des nains, des infirmes, quelques pitres monstrueux vêtus en princes qui avaient pour fonction de rire d’eux-mêmes et d’en faire rire des êtres hors la loi vivante, étreints par l’étiquette, le complot, le mensonge, liés par la confession et le remords. Aux portes, l’Autodafé, le silence." Roi, infants, idiots, nains, infirmes, pitres... inutile que je donne des noms, chacun en trouvera facilement les visages. Le reste aussi est facile à adapter. Mais voilà ce qui me vient, oui. Parce que ces mots d'Elie Faure (bien connus du "Pierrotophile") collent assez bien, je trouve, à ce... "monde des ondes" on va dire ; où l'on coupe et le produit et le consommateur. Mais je m'emporte... Triste plaie de l'autoparodie qui frappe encore. Pourtant Luchini a eu de beaux moments et pendant longtemps.

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    1. A eu... en effet ! Il vit dans un environnement fait à 90 % de décérébrés mono-neuronaux et d'incultes ! On lui dit qu'il en est le plus cultivé, le plus intelligent... L'hubris le saisit, il est cuit !

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  2. Lucchini a fini par de prendre pour lui-même, alors qu'à ses débuts, tout en hésitation, il était extrêmement touchant. Quant à La vita è bella", c'est un film d'horreur d'un crétinisme absolu, une pâte immonde.

    Caprines pensées pour l'hiver qui bientôt nous enveloppera, cher Luc-Antoine du Grand large.

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    1. Mais au début, cher Marquis, nous sommes tous - enfin à peu près tous... - extrêmement touchants ! Puis très vite... bref . Survivons donc, cher, jusqu'au dernier hiver, celui qui nous saisira pour ne plus nous lâcher tant il nous aime.

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  3. Même malaise à entendre ce rabâchage satisfait, cet entre-soi déconnecté. C'est surtout l'entre-soi qui m'a marqué; Finkielkraut et Lucchini dans un numéro tellement rodé qu'ils ne se demandent même plus si ça passe.
    C'est diffusé, certes, mais j'ai vite coupé France Cul (on dit aussi ça) l'autre samedi.
    Philippe B.

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    1. Je garde quand même son crédit à Finkie tant sa sincérité - qui tient aussi de la naïveté et de la bonté d'âme, enfin je veux croire..., me paraît entière. L'autre est un histrion triste.

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