Pisse on earth.

Dans le courant du premier trimestre 1991, et en trois livraisons,  Jean Baudrillard publia dans ce qui était alors un quotidien respectable et d'une tenue certaine du nom de "Libération" un texte au titre provocateur : "La guerre du golfe n'a pas eu lieu". Alors que, bien sûr...
( Ne convoquons pas ici Giraudoux et ses mânes : plus personne ne sait qui c'est et tout le monde s'en fout. Hors-sujet. )

Extrait : "Le drame réel, la guerre réelle, nous n’en avons plus ni le goût ni le besoin. Ce qu’il nous faut, c’est la saveur aphrodisiaque de la multiplication du faux, de l’hallucination de la violence, c’est que nous ayons de toute chose la jouissance hallucinogène, qui est aussi la jouissance, comme dans la drogue, de notre indifférence et de notre irresponsabilité, donc de notre véritable liberté. C’est la forme suprême de la démocratie."

À croire que, lointaine et télévisuelle au moins depuis le Vietnam - épisode essentiel des fantastiques années soixante - la guerre, presque toujours présente sur le globe, avait perdu à nos yeux occidentaux, à la recherche permanente de sensations de plus en plus fortes, de son pouvoir hallucinogène. 
En clair : plus très sexy, la guerre. Donc moins vendeur. Et puis il y a les video-games.

Survint donc un jour où la mention "Vu à la télé" ne suffit plus.
Bientôt supplantée avec l'Ukraine par "Bientôt chez vous".
Voilà qui tombait à pic : les décérébrés risquaient dans un proche avenir de se lasser de la "télé-réalité".

Hélas, trois fois hélas : l'Ukraine n'est pas très exotique, et les tragédies des misérables  sont moins porteuses que les chagrins d'amour et les problèmes de kilos superflus des influenceuses et autres poubelles-stars.

N'oublions jamais : "The Show must go on" !  Une petite bombe, sale ou pas, ne serait apparemment plus superflue...
Mais pas avant la goinfrerie de fin d'année. 
Faut laisser leurs illusions et leurs moments de joie profonde aux pauvres...

Et puis, ça fait de belles chansons aussi, la guerre. Qu'on peut même danser dessus...

Edwin Starr, War ( 1969 ).





Commentaires

  1. Les jeux du cirque, les exécutions publiques, les marches blanches, la badauderie coite ou aboyante au pied des tribunaux, les fourgues d'objets d'attentats, le dark tourism, etc. Dès que l'humain a l'occasion d'approcher la tragédie par la bande, d'offrir du bonbon sordide à sa morbidité... Télé ou pas télé, cet instinct-là, sa truffe grattant la terre, trouvera toujours à se satisfaire. Il y aura toujours un épicier pour nous vendre ce soleil vert-là.

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