Houellebecq, tour de piste.

Deux minutes sur le tube de l'hiver intello-médiatique dans lequel nous nous enfonçons de plus en plus. À croire que nous y prenons un plaisir pervers.
Le débat Houellebecq / Onfray donc. En 43 pages.



On laissera la gauche médiatique patauger dans la condamnation de l'émergence d'un "fascisme rouge - brun" - ça n'a aucun sens puisque historiquement le fascisme est, au moins à moitié, d'ascendance "rouge", mais ça fait encore et toujours plaisir aux diplômés parvenus dispensateurs de ce qui tient lieu de pensée; et la droite gésir dans l'interminable agonie de son encéphalogramme plat depuis Aron et Revel - les talentueux Gauchet et Bruckner, chacun dans leur registre,  ne sauraient être qualifiés "de droite" sauf par le Parti du Bien.

On assistera, surpris puis étonné, admiratif parfois, avec un certain plaisir de lecture au numéro de Houellebecq, dont, par ailleurs, l’œuvre romanesque laisse indifférent par absence de style : anarchisme de droite, Schopenhauer en étendard, lucidité amusée face à la supposée "culture" des comédiens Macron et Mélenchon, tout cela - et d'autres choses - peut avoir non pas un pouvoir de séduction - faut plus rêver... - mais la faculté de faire hausser un sourcil d'intérêt, ça et là. 
"Déjà ça", soupirera le lecteur blindé, revenu de tout et reparti nulle part.

Même pas ! Retour au réel de la médiocrité humaine en quête de mesquines distinctions sociales. Le lecteur enhardi - ou oisif au coin du feu - poursuit, distrait, la lecture de la revue pour arriver à la page 49 : il y apprend, pauvre ignorant des mondanités républicaines, que le dit "anarchiste de droite schopenhauerien" s'est vu remettre la légion d'honneur des mains d'un certain... Emmanuel Macron !

Je suis sûr, lecteur avisé, qu'il n'est nul besoin de te faire un dessin.
Rideau.

Commentaires

  1. Je comprends qu'on puisse ne pas l'aimer, mais cette soi-disant absence de style de Houellebecq est une légende urbaine. J'imagine que c'est ce qui se disait aussi de Hopper, Barnett Newman ou Satie. Quant au reste... je vous trouve bien téméraire, à vous frotter encore à cette actualité viciée.

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  2. Légende urbaine ? J'en ignore tout...Son absence de style - à mes yeux - constitue peut-être en soi un style... pourquoi pas ? Hopper et Satie - qui demeure une sorte d'énigme pour moi - sont d'une élégance, d'une originalité, qui me parlent et me transportent ailleurs, loin de toute actualité justement, viciée ou pas... Le peu que je sais de ce Newman là ne m'inspire pas grand chose. Je ne peux donc porter aucune appréciation sur son éventuel style. J'ai retrouvé tout récemment ce mot de Cicéron dans sa première Tusculane à propos de " ces illustres écrivains qui reconnaissent eux-mêmes ne se soucier ni de clarté, ni de plan, ni de tenue, ni d'élégance de style; or un texte qui ne m'apporte aucun agrément ne m'intéresse pas". Je le fais mien, incapable que je suis de mieux exprimer ma pensée à ce propos.

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  3. Le style n'a pas toujours besoin d'être spectaculaire pour exister. Il peut aussi se trouver ailleurs que là où on l'attend. Je ne vois pas du tout en quoi ce que dit là Cicéron va à l'encontre de ce que je perçois chez les artistes cités. Ils cochent parfaitement toutes ces cases. Par exemple vous aimez Bukowski et moi aussi, mais je ne trouve pas qu'il coche toutes ces cases. Comme quoi... Un auteur, un peintre, un musicien qui ne nous touche pas doit-il forcément être relégué dans la catégorie inférieure ? Je crois surtout qu'il y a des styles qui ne nous touchent pas parce que nous ne les distinguons pas ou mal, et que nous ne les distinguons pas ou mal parce qu'ils n'épousent pas assez notre histoire ou notre moi. Il y a trente ans on ne m'aurait jamais fait écouter du jazz. Aujourd'hui je prends un pied considérable à me dissoudre dans Coltrane, Chet Baker ou Miles Davis. Il faut croire que mon histoire ou mon moi a évolué et que de cette zone non déflorée de ma sensibilité auront fini par germer d'inédites radicelles.

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    1. Mais précisément le propos de Cicéron illustre ce que vous dîtes à propos de Hopper et Satie dont certains ont pu nier le style ! La puissance et la beauté de leur style sont telles qu'elles me procurent de l'émotion. Mais diable pourquoi voyez-vous partout que je prends le contrepied de vos analyses ? Je suis comme Cicéron : je ne vous suis en rien hostile ! 😉

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  4. Haha, un complexe d'infériorité mal déraciné j'imagine.
    Et ce que vous dites de Satie et Hopper (que j'aime tout autant) je peux le dire aussi de certains poèmes de Houellebecq (mais oui ! ^^) et de quelques toiles de Newman (cette "fonction" méditative du colorfield j'imagine).

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